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Dans cet entretien, Thomas nous présente son métier et nous fait le récit de son parcours original, qui l’a conduit du terrain militaire à la supervision technique de pipelines.
Pourriez-vous nous expliquer le métier que vous exercez actuellement chez Geostock ?
Oui, bien sûr, je suis Chef du Service Pipeline sur le site de stockage de Géosel, à proximité de Manosque. C’est un service qui s’occupe de la maintenance et de l’intégrité des 400 km de pipelines du site. Mon rôle est d’assurer une surveillance constante pour garantir le fonctionnement optimal de ces installations et leur conformité avec les réglementations, qu’elles soient environnementales ou de sécurité. Pour résumer, je m’assure que les pipelines soient opérationnels 24 heures sur 24.
En quoi consistent vos fonctions ?
Elles sont très variées. Relevant de la construction, elles impliquent une connaissance technique des pipelines. Cela exige par ailleurs de connaître la réglementation en vigueur, domaniale par exemple, car ces ouvrages traversent le territoire français. On travaille aussi avec les municipalités, car l’implantation géographique de nos canalisations impacte l’urbanisme local. Il faut également savoir que ces pipelines sont connectés à tout un réseau qui est absolument tentaculaire, puisqu’il s’étend sur des centaines de kilomètres. Nos pipes sont reliés à la zone portuaire de Fos-sur-Mer et alimentent un certain nombre de sites industriels de la Région Sud, ainsi que des complexes stratégiques. Par conséquent, nos interlocuteurs et partenaires sont nombreux, et issus de divers horizons. Par ailleurs, mes fonctions impliquent des échanges très fréquents avec les services de l’État puisque je fais partie des interlocuteurs privilégiés de la DREAL (Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement), qui est notre organe de contrôle.
Installations de surface, Géosel
Votre parcours est assez peu commun. Comment êtes-vous arrivé chez Geostock ?
Mon parcours est effectivement assez atypique. J’ai d’abord passé une dizaine d’années dans l’Armée de terre française en tant que sous-officier. Puis ma vie a changé, je me suis posé, j’ai eu des enfants, et je me suis reconverti dans le civil. L’armée m’avait formé au management d’équipes ainsi qu’à la gestion de situations complexes. Et cela allait me servir par la suite. Je suis entré chez Geostock en 2002. J’ai débuté aux Services généraux. Au début, je triais le courrier, changeais des ampoules, m’occupais de tâches plutôt administratives. Peu à peu, je me suis intéressé aux aspects plus techniques du stockage et du transport de l’énergie.
Mon évolution au sein de la société a débuté en 2004, lorsque l’on m’a proposé de quitter les bureaux du siège à Rueil-Malmaison pour rejoindre le site de Gargenville, qui était un stockage de propane de 120 000 m³, afin de m’occuper de la liaison entre Geostock et son client local. On m’a ainsi donné ma chance, il ne tenait qu’à moi de la saisir. En 2008, j’ai quitté Gargenville pour le site d’Holford, au sud de Manchester, en Angleterre, afin de superviser les opérations de lessivage et de maintenance. Il s’agit d’un site de huit cavités salines. Après cela, en 2012, je suis revenu en France et ai rejoint l’antenne de Geostock à Aix-en-Provence. J’ai suivi des cours du soir jusqu’à valider un Master 2 pour entériner un titre d’ingénieur. La dernière évolution de mon parcours s’est faite en 2022 lorsqu’on m’a proposé de prendre en charge le Service Pipeline sur le site de Géosel.
Entrée du site de Géosel à Manosque
Le matin, je vérifie que tous les pipelines sont en service, qu’il n’y a pas eu de problème d’exploitation durant la nuit. Ensuite, il me faut quotidiennement m’assurer que les activités des acteurs locaux à proximité de nos sites, les communes, les particuliers, les acteurs économiques quels qu’ils soient, ne mettent pas en danger nos installations. Par ailleurs, je mène des missions récurrentes de planification, d’organisation, de vérification et de contrôle de toute la maintenance à l’ordre du jour.
Enfin, j’ai pour mission, avec mon adjoint, de manager deux techniciens ainsi que l’ensemble des nombreuses sociétés externes avec lesquelles nous travaillons, que ce soit pour la surveillance aquatique, aérienne, cathodique, et bien d’autres.
Les défis sont multiples. Le premier est technique : maintenir l’intégrité des pipelines est essentiel pour assurer le bon fonctionnement du site, prévenir les pannes et éviter les risques d’accidents. Il y a aussi un défi de communication : il faut savoir expliquer les complexités de notre travail aux parties prenantes, y compris aux communautés locales. Enfin, le défi analytique : il nous faut comprendre et anticiper les besoins en énergie et les évolutions du secteur qui peuvent résulter de la situation géopolitique internationale, ou de l’évolution de la société et des enjeux sociétaux, notamment en matière de développement durable et de la volonté de décarboner les énergies.
À vrai dire, non. Le management est une recherche d’équilibre entre l’efficacité, la confiance, la motivation et le bien-être. J’essaie d’aborder ces aspects de mon métier dans un style ouvert et participatif. Je pense que cela fonctionne plutôt bien. Ce n’est pas militaire [rire], même si mon expérience passée me sert pour entretenir un esprit collectif et d’entre-aide. Plus on prend des responsabilités, plus on est dans un rôle de conseil et d’accompagnement.
Divers travaux sur pipelines en 2016
Je dirais, d’après mon expérience, qu’il est essentiel d’être passionné et curieux. On a la chance de travailler dans un secteur [l’énergie] qui est en constante évolution. Il faut être prêt à apprendre continuellement. Cet état d’esprit m’a permis d’avancer et de repousser les frontières qui semblaient délimiter mon territoire. De plus, une bonne capacité d’adaptation et un esprit d’équipe sont indispensables pour réussir dans ce domaine.
L’avenir de l’énergie est passionnant et plein de défis. Avec les avancées technologiques et la transition vers des énergies plus propres, je pense que notre secteur va continuer à évoluer rapidement. D’autant plus que la technologie est loin de constituer le seul enjeu. C’est un secteur sensible qui dépend de la situation géopolitique internationale, de l’évolution de la société et des enjeux sociétaux, notamment en matière de développement durable et de transition énergétique. J’espère contribuer à cette évolution en assurant la sécurité et l’efficacité de nos infrastructures.
Merci Thomas pour cet échange.
